Michel Basileo, AFPS - Pal Sol n°73
Norma Marcos (Howard), franco-palestinienne, fait partie des pionnières du cinéma palestinien avec Carol Mansour, Maï Masri, Maryse Gargour, nées avant 1967 et qui se sont formées en exil et se veulent palestiniennes et engagées.
Norma Marcos (Howard), née à Bethléem, passe par les États-Unis puis s’installe à Paris. Réalisatrice, écrivaine, journaliste, elle se dit « Franco-Palestinienne vivant entre deux mondes, partagée entre ici et là-bas » et « féministe de coeur ». Elle coréalise plusieurs documentaires avant de travailler seule. En 1994, elle signe L’espoir voilé, quatre portraits de Palestiniennes loin des clichés. Ses autres films évoquent son pays natal – En attendant Ben Gourion, Fragments d’une Palestine perdue – la mort d’une militante française, Wahdon. Un long été brûlant en Palestine, son dernier film, raconte la guerre de 2014 contre Gaza, vue depuis la Cisjordanie.
L’Espoir voilé dispose d’un thème précis : la situation des femmes palestiniennes dans la société, leurs combats pour défendre leurs droits dans la sphère publique comme la sphère plus intime familiale et dans le couple. Norma Marcos (Howard) suit le quotidien de la Palestine depuis vingt ans où elle rend visite à sa famille malgré les difficultés rencontrées vis-à-vis de l’État d’Israël qui lui refuse son visa, elle, Française d’origine palestinienne. Ainsi, elle abandonne l’investigation documentaire ou journalistique pour saisir au plus près la vie en cours en Palestine auprès de sa famille, notamment une petite fille toujours disponible pour répondre à toutes ses questions et toutes les personnes de divers horizons qu’elle rencontre.
Whadon (Seuls) parmi ces cinq films se singularise puisqu’il s’agit de la seule fiction au format court métrage qui répond aussi à l’enfermement et au sentiment d’une lutte sourde enfouie au plus profond des citoyens palestiniens.
Dans Un long été brûlant en Palestine l’évolution peut paraître sombre en rendant compte de la violence des attaques armées à l’été 2014 mais la réalisatrice montre comment malgré tout le quotidien s’organise en Cisjordanie avec des jeunes filles qui passent des concours et sont toujours stimulées pour trouver leur place active dans la société.
Ses films nous emmènent à la rencontre du quotidien des Palestiniens et même de sa famille et l’on mesure toujours ce que signifie la présence d’un mur, la violence des bombardements, la discrimination omniprésente de tout un pays prédateur en termes de territoires.
« Norma Marcos sait toujours saisir les problématiques palestiniennes dans des situations d’attentisme et d’enfermement. La dignité de la résilience palestinienne a beau être omniprésente, sa situation politique empêchée est une constante sur le long terme bouleversante. Malgré sa colère contenue pour toute cette situation, Norma Marcos continue à filmer comme un acte de résistance pour témoigner au fil des années du vécu et des perspectives des Palestiniens. » -Mediapart
Au final, ce coffret DVD nous permet de voir la Palestine de ces deux dernières décennies à travers un regard original, résistant, vivant et plein d’espoir. Le DVD est disponible auprès de toutes les grandes enseignes et par internet au prix de 19,90 €.
Cinq films disponibles :
- L’Espoir voilé 1996, 55 min
- En attendant Ben Gourion (1re partie de la trilogie) 2006, 30 min
- Fragments d’une Palestine perdue (2e partie de la trilogie) 2010, 74 min
- Whadon (seuls) 2012, 11min
- Un long été brûlant en Palestine 2018, 74 min
Norma Marcos (Howard) est l’invitée cette année des festivals Palestine en vue (Lyon) et de ciné Palestine (Paris).